Maladie parodontale et risques associés

 
Il est désormais clair que les personnes atteintes d'une maladie des gencives sont davantage susceptibles de souffrir d'une crise cardiaque, d'un accident vasculaire cérébral ou d’un cancer par exemple. En tant que professionnels de la santé, nous avons la capacité d'influencer cette situation et réduire les risques grâce à la prévention et au traitement de la parodontite.

- Dr Mark Bonner
 

Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, cette tâche est relativement aisée.

Devenir un coach et un éducateur. La plupart de nos patients ne sont pas conscients que les maladies de gencive sont non seulement nocives pour les dents, mais également associées à d’autres maladies. En intégrant l’analyse du biofilm à l’aide du microscope à contraste de phase lors des rendez-vous de routine, il est possible monitorer en temps réel l’état de santé des gencives d’une personne et d’intervenir dès qu’apparaissent les premiers signes de la gingivite. C’est un formidable outil d’éducation ! Des bactéries à l’allure de balles de laine (les leptotrices) par exemple, indiqueront une lacune en matière de brossage ou d’utilisation de la soie dentaire. Des globules blancs en masse peuvent indiquer la présence d’un facteur local irritant à corriger.

L’enseignement des instructions d’hygiène adaptées permettra généralement au patient d’éliminer les sources de l’inflammation, de concert avec le détartrage pratiqué au cabinet. Lorsqu’une gingivite est très active, il faudra alors privilégier l’utilisation de certains agents thérapeutique lors des soins quotidiens pour un retour vers une flore de santé. Sans gingivite, les risques de parodontite sont quasiment absents.
Déterminez les facteurs de risque. L’étude microbiologique de la plaque tirée du sulcus gingival nous donne généralement l’ensemble des réponses nécessaires pour établir un diagnostic et proposer une thérapie adaptée. Les amibes, les trichomonas ou les bactéries, sont 3 microbes sur lesquels nous pouvons facilement agir, avec l’appui du patient. Comme la parodontite est une maladie infectieuse, l’environnement du patient est généralement en cause. Pour éviter la réinfection, il faudra passer en revue la situation des proches, les habitudes, etc.
Connaissez vos adversaires. L’amibe Entamoeba gingivalis est présent dans la vaste majorité des cas de parodontite et absent en santé. Il s’agit de la cible idéale car cette amibe est facile à identifier à la microscopie. Trichomonas tenax est présent dans environ 25% des cas de parodontite, souvent lorsque la dégradation est rapide. Il est facile à distinguer E. gingivalis avec son caryosome central et les grains de chromatines périphériques. T. tenax possède 4 flagelles et à la forme de ballon légèrement étiré.

Lorsque la barrière épithéliale est brisée ou affaiblie (gingivite), l’amibe envahit le sillon parodontal, où elle pourra se nourrir des cellules immunitaires et sanguines. Les dernières études montrent que T. tenax est capable de se nourrir de cellules humaines. Il est rapporté que ce flagellé présente le même degré de toxicité que T. vaginalis.
Éliminez tous les pathogènes. Comprendre les pathogènes nous aidera à mettre en œuvre un plan de traitement. Dès le premier mois, la thérapie médicale (contrairement au surfaçage et à la chirurgie) permettra d’éliminer les saignements, l'inflammation et initiera un retour vers un équilibre santé. Dans les cas les plus avancés, il faudra en général 4 mois pour éliminer complètement les pathogènes. Des antiparaistaires de la famille des imidazolés permettront de se défaire de E. gingivalis ou de T. tenax. Pour obtenir des résultats durables le patient devra adopter les bonnes pratiques de désinfection, contrôler son environnement puis éviter la gingivite !
 

Bref, une stratégie parodontale gagnante au cabinet doit inclure :

  • L’utilisation d’un microscope de qualité hospitalière pour observer le biofilm lors des rendez-vous de routine et pendant le traitement;
  • La réalisation d’échantillons dans les poches les plus profondes à des fins de diagnostic et comme point de référence avant, pendant et après la thérapie;
  • L’adoption des bonnes techniques de préparation des lames et des bonnes techniques pour la visualisation (fond noir à 100x puis fond blanc à 1000x);
  • L’adoption d’un modèle de prévention basé sur une logique séquentielle de la maladie (santé - gingivite bactérienne – parodontite parasitaire);
  • La mise en œuvre d’une approche de traitement en 3 phases : la désinfection (mois 1 à 4), le détartrage (mois 5 à 8) et la cicatrisation (mois 9 à 12).
 
La confirmation de la guérison pourra être réalisée à 1 an, avec l'évaluation du biofilm et des données cliniques. Le biofilm doit être exempt de globules blancs ou de tout pathogène.